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Tensions à Sciences Po Paris : la direction annonce un accord avec les manifestants pro-palestiniens

Une mobilisation de soutien à la Palestine s'est déroulée vendredi à Sciences Po Paris. La tension est montée d'un cran pendant la journée avec l'arrivée d'une cinquantaine de manifestants pro-Israël. Après l'évacuation des lieux, la direction de l'établissement a annoncé avoir trouvé un accord avec ses étudiants mobilisés pour la cause palestinienne. Elle s'est engagée à organiser un débat interne et à suspendre des procédures disciplinaires lancées contre des manifestants.

Devant Sciences po, la police sépare les manifestants pro-palestiniens (à gauche) et un groupe de contre-manifestants venus montrer leur soutien aux otages israéliens enlevés par le Hamas, le 26 avril
Devant Sciences po, la police sépare les manifestants pro-palestiniens (à gauche) et un groupe de contre-manifestants venus montrer leur soutien aux otages israéliens enlevés par le Hamas, le 26 avril 2024. © AFP, Dimitar Dilkoff
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Sit-in dans la rue, occupation de locaux historiques et face à face tendu avec des manifestants pro-Israël. La mobilisation propalestinienne a perturbé, vendredi 26 avril, le bon fonctionnement de Sciences Po Paris où les revendications de certains étudiants font écho aux contestations qui agitent certains prestigieux campus américains.

Dans la soirée de vendredi, la direction de Sciences Po Paris a annoncé un accord avec ses étudiants mobilisés pour la cause palestinienne, par lequel elle s'engage à organiser un débat interne et à suspendre des procédures disciplinaires lancées contre des manifestants. 

"Compte tenu de ces décisions, les étudiants se sont engagés à ne plus perturber les cours, les examens ainsi que toutes les activités de l'institution", a écrit Jean Bassères, administrateur provisoire de Sciences Po Paris, dans un message transmis à l'issue d'une journée de tensions devant le prestigieux établissement.

Bousculade entre partisans des deux camps

La tension était montée d'un cran en fin d'après-midi avec l'arrivée d'une cinquantaine de manifestants pro-Israël criant notamment "Libérez Sciences po" ou "Libérez Gaza du Hamas". Certains étaient masqués. Après une bousculade entre partisans des deux camps, les forces de l'ordre se sont positionnées pour séparer sans violence les groupes puis exfiltrer les manifestants pro-Israël. 

Les forces de l'ordre ont ensuite demandé aux étudiants, militants ou sympathisants du comité Palestine, mobilisés depuis quelques jours dans et en dehors des locaux historiques de Sciences Po, au coeur du huppé VIIe arrondissement, de s'en aller. Des députés de La France insoumise (LFI) étaient présents à leurs côtés, écharpe tricolore bien visible, en "soutien" selon l'un d'entre eux, Thomas Portes.

Une centaine de manifestants sont partis d'eux-mêmes et "l''action de la police a permis de faire partir une autre centaine de personnes dans le calme", a-t-on indiqué de source policière. Vers 20H15, une centaine de personnes restaient devant l'école, a constaté une journaliste de l'AFP. 

© France 24

La direction de Sciences Po "condamne fermement ces actions étudiantes"

Les étudiants ont reçu vendredi le soutien de plusieurs figures de LFI dont la militante franco-palestinienne Rima Hassan, candidate sur la liste "insoumise" pour les élections européennes.

Ils portent "l'honneur de la France", a déclaré à la presse, Mme Hassan reprenant les propos du leader insoumis Jean-Luc Mélenchon qui a adressé un message audio de soutien aux manifestants.

La direction a décidé de fermer plusieurs locaux de son campus parisien et "condamne fermement ces actions étudiantes".

La direction, à qui une partie de la communauté éducative reproche d'avoir laissé les forces de l'ordre intervenir sur le campus, a organisé une rencontre avec des représentants des étudiants vendredi matin.

Des manifestants pro-palestiniens à Sciences Po Paris, le 26 avril 2024
Des manifestants pro-palestiniens à Sciences Po Paris, le 26 avril 2024 © Dimitar DILKOFF / AFP

"Le débat, oui. Le blocage, non", a déploré sur BFMTV la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau qui a tiré à boulets rouges sur le "jeu dangereux" attribué à LFI dans la mobilisation à des "fins électorales".

Le comité Palestine revendique lui "la condamnation claire des agissements d'Israël par Sciences Po" et "la fin des collaborations" avec toutes "les institutions ou entités" jugées complices "de l'oppression systémique du peuple palestinien". Il demande en outre l'arrêt de "la répression des voix propalestiniennes sur le campus".

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Comme aux États-Unis où la mobilisation d'étudiants pro-Gaza enflamme le débat politique, le militantisme des étudiants pro-Gaza à Sciences Po est accusé d'alimenter l'antisémitisme sur le campus.

La fin de l'année scolaire

"Qu’on fasse preuve de solidarité à l'égard des Palestiniens, qu’on montre le rejet des crimes qui sont commis à Gaza, c'est naturel, c’est même digne et noble", a jugé Raphaël Glucksmann, tête de liste du Parti socialiste et de Place publique aux européennes, sur BFMTV.

"Après, dans quelle atmosphère on le fait ? (...) Est-ce qu'on est capable d'organiser des discussions avec ceux qui ne partagent pas le point de vue ? Et jusqu'ici, jusqu'à preuve du contraire, ce n'est pas le cas. Donc on a un problème et la direction de Sciences Po a le droit de décider d'évacuer", a complété M. Glucksmann.

Des manifestants pro-palestiniens à Sciences Po Paris, le 26 avril 2024
Des manifestants pro-palestiniens à Sciences Po Paris, le 26 avril 2024 © Dimitar DILKOFF / AFP

Pour le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, Yonathan Arfi, qui s'exprimait sur LCI, "il n'y a rien de massif" mais "ça fonctionne, ça prend en otage le campus entier, ça empêche la liberté académique et fait peser un climat de terreur intellectuelle sur une partie des étudiants juifs".

"On n'a rien contre les étudiants de confession juive, il y a des étudiants juifs qui militent avec nous", a plaidé Hubert Launois, 19 ans, étudiant en deuxième année et membre du comité Palestine. "Ce qui nous pose problème, c'est la politique coloniale et génocidaire du gouvernement d’extrême droite israélien", a-t-il ajouté.

Nouvel élan ou chant du cygne alors que ce vendredi marque, pour une majorité des élèves, la fin des cours et le début des révisions des examens ? "On sait aussi que c'est la fin de l'année. On ne veut pas que ce mouvement meure", a résumé une étudiante de 21 ans, mobilisée, qui n'a pas souhaité donner son nom.

Avec AFP

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