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Renaud Van Ruymbeke, ancien juge et figure de la lutte anticorruption, est mort

L'ancien juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke, connu pour avoir notamment instruit des affaires politico-financières retentissantes comme Elf, Urba ou encore Cahuzac, est mort à l'âge de 71 ans.

Le juge français Renaud Van Ruymbeke, le 25 juin 2019.
Le juge français Renaud Van Ruymbeke, le 25 juin 2019. © Joël Saget, AFP
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L'ancien juge d'instruction Renaud Van Ruymbeke, connu pour avoir notamment instruit les affaires Elf, Kerviel ou encore Cahuzac, est mort à l'âge de 71 ans, a annoncé vendredi 10 mai Éric Dupond-Moretti.

"Le juge Renaud Van Ruymbeke nous a quittés. La France perd un grand magistrat et la Justice un immense serviteur. J'adresse mes condoléances émues à sa famille et à ses proches", a annoncé vendredi 10 mai le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, sur X (ex-Twitter).

À la retraite depuis 2019, Renaud Van Ruymbeke, à la silhouette longiligne, portant moustache et fines lunettes, a été un des juges emblématiques de la lutte contre la corruption en France et a instruit certaines des affaires politico-financières les plus sensibles des dernières décennies.

Parmi ses instructions figurent notamment l'affaire Urba, sur le financement occulte du Parti socialiste, des enquêtes sur Jérôme Cahuzac et les époux Balkany, ou encore la complexe affaire des frégates de Taïwan. En 2008, il avait aussi mené l'enquête sur les fraudes géantes du trader de la Société générale Jérôme Kerviel.

Pendant des années, Renaud Van Ruymbeke, né le 19 août 1952 à Neuilly-sur-Seine, a aussi traqué les flux présumés de financement occulte par la Libye de Mouammar Kadhafi de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.

Sa route a croisé celle de l'ancien président à plusieurs reprises, de l'affaire Clearstream, qui avait fait planer sur le juge une menace de sanction disciplinaire, à celle de Karachi sur le financement de la campagne d'Edouard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole.

"Une empreinte indélébile dans l'histoire judiciaire de notre pays"

L'annonce de son décès, dont la cause n'a pas été précisée, a suscité l'émotion dans le monde judiciaire.

Renaud Van Ruymbeke "incarnait l'image du juge d'instruction indépendant et courageux, et laissera une empreinte indélébile dans l'histoire judiciaire de notre pays", a réagi Rémy Heitz, procureur général près la Cour de cassation.

L'ex-procureure de Marseille Dominique Laurens a salué "un grand serviteur de la justice, un esprit libre et déterminé qui a inspiré des générations de magistrats par sa lutte contre la criminalité économique et financière et la corruption".

"Nous perdons un magistrat exceptionnel qui a passé sa vie à travailler sans relâche au service de la Justice", a souligné le bâtonnier de Paris, Me Pierre Hoffman.

Grand pourfendeur de l'évasion fiscale, l'ancien juge relevait qu'"il n'y a jamais eu autant d'argent sale dans les paradis fiscaux", lors d'une interview accordée à France 24 en janvier 2021.

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Le magistrat, grand amateur de football et par ailleurs pianiste émérite, avait appelé à la "nécessité de prise de conscience", "au moment où les États ont des déficits importants, de gros besoins pour les hôpitaux, pour la transition énergétique".

Sans ambages, il exhortait les États à récupérer les pertes de recettes issues "de la fraude fiscale au trafic de drogue et à la corruption".

Dans son dernier livre, "Offshore. Dans les coulisses édifiantes des paradis fiscaux" (éd. Les liens qui libèrent), Renaud Van Ruymbeke dénonçait le peu "de volonté politique d'éradiquer le système", de traquer "les circuits opaques des paradis fiscaux".

Face aux multinationales qui font "remonter les bénéfices dans les pays où les taxations sont faibles", il avait appelé à ce "que le droit évolue".

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Son satisfecit résidait dans la mise en place en 2016 de la Convention judiciaire d'intérêt public (CJIP) qui permet aux entreprises soupçonnées de corruption, de trafic d'influence ou de fraude fiscale d'échapper aux poursuites pénales en versant une amende.

Ces dernières années, des poids lourds comme Airbus (2,1 milliards d'euros en 2020), Google (500 millions d'euros en 2021) ou McDonald's (1,25 milliard en juin 2022) sont ainsi passés à la caisse pour mettre un terme à des enquêtes judiciaires.

Avec AFP

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