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La police a interrogé les Insoumises Mathilde Panot et Rima Hassan pour "apologie du terrorisme"

Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, et Rima Hassan, candidate LFI aux européennes, ont été entendues par la police judiciaire à Paris, mardi, après des propos liés à la guerre entre le Hamas et Israël. Plusieurs centaines de personnes s'étaient auparavant regroupées en soutien aux deux femmes.

La présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, s'adresse aux médias lors d'une manifestation contre le projet de loi sur la retraite, à Paris, le 20 mars 2023. (Photo d'archives)
La présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot, s'adresse aux médias lors d'une manifestation contre le projet de loi sur la retraite, à Paris, le 20 mars 2023. (Photo d'archives) © Lewis Joly, AP
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Les Insoumises Mathilde Panot et Rima Hassan ont été entendues, mardi 30 avril, dans les locaux de la police judiciaire parisienne dans le cadre d'enquêtes pour "apologie du terrorisme" après des propos liés à la guerre au Proche-Orient, des convocations qualifiées de "censure" par La France insoumise.

"Ça s'est très bien passé", a assuré, souriante, la militante franco-palestinienne Rima Hassan à la presse après deux heures d'audition.

La candidate aux élections européennes, présente à la septième place sur la liste de LFI, a expliqué que sa convocation était consécutive à une interview accordée en novembre au média Le Crayon. Dans un extrait, maintenant supprimé, on y voit la juriste de 32 ans dire qu'il est "vrai" que le Hamas mène une action légitime.

Procédures transmises au parquet

L'intéressée a dénoncé un "extrait coupé" et trompeur de sa réponse et précisé que les enquêteurs avaient pu visualiser l'intégralité de l'entretien.

"Le seul résultat logiquement peut être un classement sans suite", a estimé son avocat Vincent Brengarth. Il espère que le parquet prendra une telle décision "le plus rapidement possible".

La procédure a été transmise au parquet pour appréciation, a indiqué le parquet de Paris sollicité par l'AFP.

Mathilde Panot a été entendue sur un communiqué publié par son groupe parlementaire le 7 octobre, le jour de l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

Ce texte avait suscité la polémique car il mettait notamment en parallèle l'attaque du mouvement islamiste, décrite comme "une offensive armée de forces palestiniennes", et "l'intensification de la politique d'occupation israélienne" dans les territoires palestiniens. 

Selon une source proche du dossier, la procédure a également été transmise au parquet pour appréciation. 

"Ce n'est pas seulement Mme Panot qui était convoquée aujourd'hui ni même la France insoumise, c'est l'ensemble du banc politique", s'est insurgée auprès de l'AFP Me Jade Dousselin, son avocate, fustigeant un parquet qui "s'érige en arbitre du débat public et oublie son rôle absolu d'autorité de poursuite".

"Ils ne nous feront pas taire"

Avant leur convocation mardi matin, les deux Insoumises se sont rendues à un rassemblement de soutien, réunissant plusieurs centaines de militants, près du siège de la PJ, dans le 17e arrondissement.

"Dans quelle démocratie les méthodes de l'antiterrorisme sont-elles utilisées contre des militants politiques, des militants associatifs ou des syndicalistes ?", a lancé Mathilde Panot devant ses partisans qui scandaient "Résistance" et agitaient des drapeaux palestiniens, LFI ou sud-africains. Et de dénoncer "une fuite en avant sans précédent".

"Je veux dire aux organisations de lobbyistes pro-Israéliens derrière ces plaintes qu'ils ne nous feront pas taire", a déclaré de son côté Rima Hassan, les épaules recouvertes d'un keffieh.

De nombreux députés de La France insoumise, de François Ruffin à Louis Boyard, étaient présents.

D'autres figures de gauche, comme la députée écologiste Sandrine Rousseau ou l'ancien candidat du NPA à l'élection présidentielle Olivier Besancenot avaient également répondu à l'appel.

Anne Guillemin, une militante LFI de 36 ans présente dans la foule, est, quant à elle, venue "défendre la liberté d'expression".

Les Insoumis, qui qualifient de "génocide" la situation à Gaza et ont fait de la défense de la cause palestinienne le grand axe de leur campagne, dénoncent une instrumentalisation de la justice pour faire taire les voix pro-palestiniennes.

Ils fustigent notamment la plainte pour "injure publique" annoncée par la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, contre Jean-Luc Mélenchon, qui avait dressé un parallèle entre le président de l'université de Lille et le nazi Adolf Eichmann après l'annulation de deux conférences à Lille.

La cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot, la tête de liste de LFI aux européennes Manon Aubry, le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon, la candidate Rima Hassan et le coordinateur de LFI
La cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot (à droite, en bleu), la tête de liste de LFI aux européennes Manon Aubry (en blazer blanc), le leader des Insoumis Jean-Luc Mélenchon (au centre), la candidate Rima Hassan (en veste noir et blanc) et le coordinateur de LFI Manuel Bompard (à gauche), le 16 mars 2024 à Villepinte. © Bertrand Guay, AFP

"Une candidate est convoquée à la police pour ses idées. La démocratie française est gravement fracturée. Le monde nous regarde sidéré", a dénoncé mardi sur X l'ancien candidat à la présidentielle.

"Pas de pressions sur les magistrats"

"En démocratie, on serait tous très inspirés de ne pas commenter, de ne pas faire de pressions sur les magistrats (...). Ça vaut pour tout le monde, ça vaut donc aussi pour les dirigeants de La France insoumise", déclarait au même moment le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, en déplacement au siège d'Aéroports de Paris dans le cadre des JO.

Plusieurs voix venues d'autres familles politiques ont défendu la liberté d'expression. "Même si je suis aux antipodes de La France insoumise, je me battrai pour qu'ils puissent exprimer leurs idées", a ainsi déclaré le président du groupe Horizons à l'Assemblée, Laurent Marcangeli.

Depuis le 7 octobre, le nombre de signalements et plaintes pour "apologie du terrorisme" a explosé : au parquet de Paris, qui gère la majorité de ces affaires, on compte 386 saisines à ce jour en lien avec ce conflit.

Avec AFP

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